J'ai eu le plaisir de rouler sur le circuit de Rouen-Les-Essarts, à deux reprises en Formule Ford (1988 & 1989) et deux autres fois en Formule 3 (1991 & 1992). J'ai toujours aimé ce genre de tracé naturel, comme Charade, Dijon-Prenois, Lédenon, Spa. Mais aux Essarts je n'ai jamais vraiment eu de chance. Mais j'ai quand même eu celle d'avoir pu participer à des courses sur ce fabuleux circuit, qui malheureusement n'existe plus, mais qui restera dans l'histoire du sport automobile.
Côtés anecdotes, il faut donc que je revienne à quelques années en arrière. Regarder dans les rétros n'est jamais bon en course, mais là c'est pour faire appel à sa mémoire, ce qui n'est pas évident 33 ans après.
En 1988, ma toute première fois sur ce circuit, qui pour moi me parraissait au bout du monde. En effet à l'époque je vivais à Montpellier, et monter à Rouen avec un vieux J7 asthmatique, plus bruyant qu'une F1 mais pas avec un joli son... Il faut le vouloir. Mais que ne ferions nous pas pour vivre notre passion !
En 1989, le vieux moteur de ma Formule Ford casse aux essais. Dans la nuit, mon père le change avec mon mécano. Me voilà contente de pouvoir partir en qualif grâce à eux. Je file vers la descente mais... plus rien, je me serre sur la droite dans l'herbe. Mon co-équipier (et futur partenaire dans la vie aussi.) prévient l'équipe. Eric mon mécano, dévale ni une ni deux cette descente pour venir à mon secours. Mais il n'y avait rien à faire, en remontant le moteur ils avaient fait au mieux, mais une partie de la durite d'essence était pincée et donc...je n'ai pas pu faire un tour !
Pour me consoler, le soir nous voilà partis faire un tour jusqu'au Havre, avec Frédéric (mon coéquipier), un autre mécano (l'autre Eric, le grand), musique à fond dans la voiture. On rentre au petit matin, ce qui ne me gênait pas vu que malheureusement je ne pouvais pas courir sans qualif. Par contre Frédéric, qui lui a pu prendre le départ, était un peu fatigué pendant sa course qu'il vous a racontée. Voilà pour les potins.
En 1991, ma première saison en F3. Même si je n'avais pas du tout un matériel performant faute de budget, les arbres défilent beaucoup plus vite qu'en Formule Ford, et c'est génial ! En essais, je veux être gentille en laissant passer Eric Chéli dans la partie rapide de la forêt pour ne pas le gêner. Je me pousse hors trajectoire, et vlan , cela me fait sortir en arrachant l'aileron avant. Cela m'aura servi de leçon !
En 1992, un tête à queue en F3 sans dommage, je laisse passer les concurrents, mais malgrè la place il y en a un qui me percute alors que d'autres m'avaient évitée avant lui. L'espoir de repartir comme je le pensais avant l'impact était brisé, comme ma Reynard !
Mais revenons au plaisir derrière le volant, car une fois casqué, c'est ce qu'un pilote à la chance de vivre en tirant le maximum de l'auto que l'on a en sa possession. Le souvenir de ce droite après les stands où il faut rester à fond, et une fois que tu arrivais à garder l'accélérateur au plancher, ça c'était le pied ! Avec le gauche qui suit, pour moi ce sont les virages en F3 les plus impressionnants de ce circuit, on devait être à peu près à 230/250km/h en pleine courbe. La descente vers les fameux pavés de l'épingle du Nouveau Monde, avant cette belle remontée dans les bois. J'avais même envie que le tracé continue, comme une spéciale de rallye, au lieu de reprendre à droite.
Rouler en monoplace sur ce genre de circuit, c'était quand même quelque chose !
J'ai aussi un super souvenir avec une équipe de télé qui m'avait suivie pendant un week-end de course et dans Rouen, pour un reportage de France 2, qui m'avait après reçue sur une émission. Ce n'est pas faute d'avoir eu des retours de presse, mais je n'ai jamais eu de gros budgets pour courir.
''Roule En Ses Sarts'', pourrait être l'anagramme du nom de cette ville, qui a laissé disparaître un trésor qu'elle possédait et qui faisait des heureux, pilotes comme spectateurs. Heureusement grâce à des passionnés, il reste imprégné dans nos mémoires comme une trace de gomme sur le macadam...